Le vrac pour les produits non-alimentaires, une nouvelle demande consommateur ?

Le vrac pour les produits non-alimentaires, une nouvelle demande consommateur ?

9 mars 2023

Eléments de réponse avec Célia Rennesson, Cofondatrice et DG du Réseau Vrac

PME+ : Quelles sont les tendances du vrac sur les produits non-alimentaires ?

CR : Aujourd’hui plus d’une dizaine de familles de produits sont vendues en vrac : cosmétiques, détergents, bricolage, papeterie, animalerie, bricolage, coiffure, jardinage…  Le non alimentaire se développe fortement depuis 3 ans, à la fois dans les commerces spécialisés, les magasins bio et les enseignes de la GMS.

Dans le top des produits vrac non alimentaires les plus achetés nous retrouvons : le liquide vaisselle, les produits de nettoyages pour la maison et la lessive, suivis par le savon pour les mains, les shampoings et les gels douches. Des marques nationales comme Mustela, Klorane, le Petit Marseillais ou l’Occitane en Provence proposent désormais des shampoings et des gels douches en vrac. Il est également possible d’acheter ses colorations pour cheveux chez son coiffeur avec des marques comme Couleur Gaïa. Côté jardinage, on peut trouver dans des magasins spécialisés du terreau ou des fertilisants en vrac. On trouve également des croquettes pour animaux vendues dans des distributeurs automatiques à l’extérieur des magasins ou des stations de lavage.

Le champs des possibles est infini car nous n’en sommes qu’au début. Les consommateurs souhaitent davantage de produits vrac non alimentaires dans leurs magasins, et veulent acheter des produits avec moins d’emballages à usage unique ce que permet le vrac. Par exemple, un consommateur qui achète sa lessive en vrac en réemployant son flacon réduit son impact de 90% sur les déchets plastiques, de 32% sur les émissions de CO2 et de 52% sur la consommation en eau (source : rapport WWF).

PME+ : Comment les PME s’adaptent ou peuvent-elles s’adapter à ce nouveau mode de consommation ?

CR : La plupart des entreprises fabricant des produits vrac sont aujourd’hui des PME. Leur taille et leurs volumes leur permettent une certaine flexibilité qui rend plus facile le passage au vrac (adaptation des lignes de production, des emballages amont, etc.) quand elles ne proposent pas déjà leurs produits en gros conditionnement pour le secteur CHR. En fonction des produits, l’adaptation est plus ou moins rapide (aujourd’hui la plupart des marques de produits alimentaires secs de la bio proposent une gamme vrac par exemple). S’ouvrir au vrac est une belle opportunité à la fois d’un point de vue marché et renouvellement de ses produits. Le cadre législatif pousse le vrac et les produits avec moins de plastique (cf loi AGEC et loi Climat & Résilience). L’association Réseau Vrac forme, outille et informe les entreprises qui souhaitent s’engager dans cette démarche.

PME+ : Quels conseils donneriez-vous à une PME qui souhaite avoir une offre non alimentaire en vrac ?

CR : Développer une gamme vrac est accessible à toutes les entreprises mais nécessite une préparation en amont. Il faut tout d’abord comprendre le marché du vrac relatif à ses produits, bien cibler les clients et les réseaux de distribution pour adapter l’offre, les fiches techniques par exemple et l’équipement de distribution. Des formations à la réglementation et au marché sont proposées par l’association Réseau Vrac. Au sein de l’association, de nombreux outils sont disponibles pour se lancer et se tenir à jour : un guide juridique évolutif, des études développées avec nos partenaires comme NielsenIQ, un webzine trimestriel, un catalogue des fournisseurs d’équipements et de solutions vrac.

Enfin le Salon du Vrac et du Réemploi est l’endroit clé pour s’inspirer, s’informer et trouver ses partenaires ! Il a lieu les 14 et 15 mai 2023 au Parc Floral à Paris : https://salonduvrac.com/.

PME+ : Quelles sont selon vous les prochaines étapes ?

CR : La loi encourage le développement de la vente en vrac en France. Le Chapitre III de la loi Climat & Résilience est intitulé « Accélérer le développement de la vente en vrac et de la consigne du verre », et l’article 23 est consacré à la vente en vrac. Il stipule « Au 1er janvier 2030, les commerces de vente au détail dont la surface est supérieure ou égale à 400 mètres carrés consacrent à la vente de produits présentés sans emballage primaire, y compris la vente en vrac, soit au moins 20 % de leur surface de vente de produits de grande consommation, soit un dispositif d’effet équivalent exprimé en nombre de références ou en proportion du chiffre d’affaires. »

En plus de cette loi très encourageante, la filière vrac travaille au renforcement de la compétitivité du secteur pour développer son accessibilité́ au consommateur, d’autant plus dans un contexte d’inflation où le prix est une variable essentielle.  La variété des produits disponible est également un critère de décision pour le consommateur. Il est donc essentiel que l’offre se développe pour tous les types de produits, dans tous types de points de vente pour donner le choix en fonction des différentes habitudes de consommation. Enfin, la sensibilisation des citoyens et ce, dès le plus jeune âge, doit être mise en place pour que le vrac devienne un vrai réflexe, une habitude de tous les jours.

Célia Rennesson, Cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac

Concernée par les déchets d’emballages jetables et le gaspillage alimentaire générés par la consommation pré-emballée, Célia a cofondé Réseau Vrac en 2016 pour démocratiser la vente en vrac afin d'offrir une alternative durable aux consommateurs. Célia a co-écrit le livre « Vrac mode d’emploi » paru aux éditions La Plage en 2020 et a co-rédigé plusieurs études sur le secteur du vrac. L'association Réseau Vrac fédère aujourd'hui 1200 professionnels de la filière vrac : du producteur au distributeur. Avant Réseau Vrac, Célia a été consultante en stratégie et responsable de l’innovation.